14 défaites, 12 matchs nuls et seulement 9 victoires. Le bilan de Claude Leroy, ex-futur entraineur émérite sur le continent africain est désastreux à la tête des Éperviers. En poste depuis cinq ans, l’ex-sélectionneur du Cameroun n’a pas pu assurer le renouvellement générationnel de l’équipe. Pis, le niveau de jeu du Togo s’est étiolé au fil des années. L’équipe pointe désormais à la 128e place du classement FIFA. Du jamais vu.
Une nomination politique
C’était en avril 2016 soit il y a exactement cinq ans. Le Togo débarquait Tom Sainfiet et le remplaçait par Claude Leroy, surnommé le sorcier blanc et fort huit participations à la coupe d’Afrique des Nations. Cette nomination surprise serait selon la rumeur due à un arrangement entre le pouvoir togolais et Vincent Bolloré, qui venait de s’attribuer la concession du port autonome de Lomé.
Les pleins pouvoirs
« Leroy, qui réussit toujours à qualifier ses équipes pour les CAN, a un beau challenge devant lui. Son expérience, sa connaissance du terrain et des hommes pourraient permettre au Togo, adversaire de la France lors de la Coupe du monde 2006, de retrouver enfin un visage plus rayonnant. Le Togo part de loin lors de ces éliminatoires, mais deux succès lors des deux dernières rencontres pourraient lui permettre de décrocher son billet pour le Gabon 2017 » décrivait le quotidien L’équipe.
Grâce à un nul au Libéria et une victoire (5-0) face à Djibouti, le Togo par un heureux concours de circonstances se qualifia pour la CAN au pays d’Ali Bongo, une compétition qui se solda par une désillusion et une élimination précoce au premier tour (un nul et deux défaites).
C’est donc à la suite de la coupe d’Afrique que Claude Leroy décide d’accélérer le renouvellement générationnel au sein des Éperviers. Exit Serge Akakpo, Alaixys Romao et Serge Gakpé, poussés à la retraite internationale et promotion de nouveaux jeunes censés assurer la relève (Hakim Ouro Sama, Guillaume Yenoussi, Elom Nyavedji…). Force est de constater que parmi la kyrielle de jeunes loups, aucun n’a réussi à s’imposer durablement.
Un entourage controversé (clan affairiste)
Avec Leroy, le mélange des genres est fréquent et la Françafrique n’est jamais loin. Dans le discours, en fin politique, il vante ses vertus humanistes tout en s’offrant des salaires mirobolants (23 millions de FCFA mensuels dans un pays où le smic est de 35.000 FCFA). Ce dernier a une relation privilégiée avec le chef de l’état togolais et fait jouer ses relations. Forcément français de l’étranger, Claude Leroy est devenu proche de l’ambassadeur Marc Vizy (en poste jusqu’en 2020), qui lui témoignage sa sympathie en assistant au lancement de son bébé « graine de star » , un projet dont on ne comprend pas l’objectif final. En théorie, le projet consiste à cartographier les meilleurs jeunes talents du pays. Après trois éditions, aucun lauréat n’a réellement émergé. En réalité, il s’agit d’une vieille recette qui aurait eu du succès dans les années 80 au Cameroun et 90 au Sénégal. « C’est sans doute son problème, il vit dans le passé » s’époumone un observateur du football togolais.
Autour de Claude Leroy, gravite un réseau affairiste qui s’est fait son beurre depuis la nomination de ce dernier. Si le Togo depuis l’arrivée du sorcier blanc a pu disputer des matchs amicaux durant les dates FIFA, c’est surtout le réseau « Leroy » qui en a bénéficié avec des agents de matchs attitrés et préposés.
Il promeut des jeunes certes, mais surtout quand ceux-ci s’inscrivent dans des projets qui confortent ses intérêts. Sa volonté à faire jouer Josué Doke, 16 ans, encore tendre pour le haut niveau favorise surtout son exposition au niveau international et dans l’optique d’un transfert vers un club étranger. Il faut dire que Josué joue à Wafa club dirigé récemment par Patrick Liewig, une vielle connaissance de Leroy. CQFD.
Un affaiblissement de l’équipe au fil des années et des résultats en dent de scie
Les nostalgiques feront référence à l’épopée de la CAN 2013 avec Didier Six et une sélection pétrie de talents (Agassa, Adebayor, les frères Ayité, Gakpé, Amewou, Romao, Nibombé, Djene…) arrivée à maturité durant cette compétition où l’équipe atteint les quarts de final. À l’arrivée de Claude Leroy, ces joueurs ont pris de l’âge et sont devenus moins performants. L’idée du sélectionneur français du Togo est donc de renouveler à la sortie d’une CAN 2017 ratée de procéder aux renouvellements des cadres. Mais où trouver les remplaçants des Nibombé Daré, Komlan Amewou ou Jonathan Ayité ? Le faible niveau du championnat local ne permet pas de sortir des joueurs de premiers plans. Logiquement, Claude Leroy se tourne vers les binationaux qu’il lance en sélection (Steve Lawson, Loic Bessilé, Ilhas Bebou, Gilles Sunu, David Henin). Le vivier est fort intéressant, mais sans doute les joueurs sont mal intégrés. Très peu trouvent leur repère dans une équipe en déliquescence certaine. Sur le papier, la sélection togolaise n’a rien à envier aux Comores ou au Kenya, qui ont terminé devant elle au classement des éliminatoires de la CAN 2020. Mieux les joueurs togolais affichent des CVs plus garnis en raison de leur état de service dans leurs clubs européens respectifs.
D’échec en échec, le Togo pointe à la 128e place du classement, sa plus faible position.
Une sortie ratée : et si le sorcier blanc n’était qu’un mythe ?
Le mythe est défini comme run récit fabuleux, souvent d’origine populaire, qui met en scène des êtres dotés d’une force surnaturelle symbolisant des énergies, des puissances, des aspects de la condition humaine.
Associé au blanc supposé supérieur au noir selon une conception très impérialiste, avec des capacités mystiques (la sorcellerie), le sorcier « blanc » fait recette sur le continent africain terre du fétichisme. Entraineur de second plan, voir de troisième niveau dans son pays d’origine, il est présenté comme supérieur aux entraineurs locaux, qui à leur dépend bénéficient de conditions moins favorables. Les réussites sont légion, mais les échecs le sont tout autant. S’il a réussi durant une trentaine d’années à écumer le continent avec diverses fortunes, Claude Leroy aura écorné sa sortie avec son piètre bilan au Togo. Septuagénaire, il s’accroche à un poste demandant de la patience et répétant préparer les succès futurs. Un discours désormais inaudible auprès des Togolais.